La « Parabole du semeur », le « Bon grain et l'ivraie », le « Trésor et la perle »...
Retrouvez tous ces belles paroles d'espérance qui sont aussi des chemins pour notre foi. Elles sont méditées par les prédicateurs des messes du Jour du Seigneur, dont l'évêque des Landes Monseigneur Sochu.
A écouter ou à lire (pour les méditations)
La « Parabole du semeur »
Car être semeur, ce n’est pas être moissonneur ! Semer —tout comme s’aimer— c’est fondamentalement inscrire en l’autre, des graines d’amour et de confiance. Et espérer qu’elles fassent seules leur chemin. C’est être dans le don, sans attendre le contre-don. Il s’agit en définitive de faire descendre le Royaume en nous, d’évangéliser notre cœur...
Il s’agit du champ de Dieu, inscrit au fond de nous...
S’aimer deviendra semer : il n’y pas d’obligation de résultat !
S’aimer sera comme semer : donner est plus important que recevoir !
Semer à tous vents nous donnera d’aimer davantage :
car l’amour est un sentiment qui se multiplie en se donnant.
Le « Bon grain et l'ivraie »
... Les deux semeurs de la parabole de l’évangile ne sont pas à égalité : l’un a semé le bon grain en plein jour, son ennemi la nuit, lorsque les gens dormaient. Jésus ne nous suggère-t-il pas que le mal, celui qui est en moi, dans les autres, dans notre société, ce mal n’est pas notre vrai visage ? Il se glisse souvent à notre insu. Le mal sème la zizanie ! C’est d’ailleurs l’origine du nom, en grec, pour l’ivraie, une graine toxique qui a la réputation d’enivrer, de semer la discorde, la mésentente entre des personnes.
A la question des serviteurs : « Veux-tu donc que nous allions l’enlever ? », le maître répond : « Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps ». C’est Dieu qui se réserve le jugement à la fin, au temps de la moisson. En attendant, il nous demande de ne pas juger. Il est plus patient que nous. Il supporte momentanément l’ivraie. Nous sommes tous bénéficiaires de cette patience de Dieu. Jésus sait que le bon grain ne périra pas, malgré les craintes légitimes que nous pouvons avoir. A tout être humain, à tout pêcheur, Dieu donne la chance d’un mûrissement possible. Déjà la première lecture, tirée du livre de la Sagesse, disait de Dieu qu’il juge avec indulgence, qu’il nous gouverne avec beaucoup de ménagement. Il nous permet, suivant le message de Notre-Dame de Buglose, de passer de la vase à la lumière...
Ainsi acceptons de quitter la vase qui est toujours à nos pieds pour aller vers la lumière. Mais pour quitter la vase, il faut que je trouve du sens à mon existence, que celle-ci soit attirée par le bien, par la lumière. Il faut aussi que je puisse durer pour rester dans la lumière, celle de l’Esprit-Saint qui vient au secours de notre faiblesse, nous rappelle la seconde lecture, la lettre de St Paul aux Romains. L’Esprit-Saint intercède pour nous, il ne nous adresse pas une lumière qui éblouit, mais qui indique le chemin de la sainteté. Ce n’est pas en semant la zizanie que je construis un monde de paix et d’amour. La sainteté se trouve dans l’accueil de Dieu, de son esprit. C’est aux moissonneurs d’arracher eux-mêmes l’ivraie, ce n’est pas à nous.
Le « Trésor et la perle »
... Quelle est cette perle dont la valeur ne se mesure à aucune autre ? Pour moi, frères et sœurs, c’est la perle de l’amour, l’amour de Dieu que Jésus est venu nous manifester et qui a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint. Quand on découvre un jour que l’amour de Dieu, que ce grand amour nous a été donné dès notre premier jour, et que Dieu lui-même nous rend capables de répondre à son amour, on cesse enfin de négocier, on se repose en lui. Et nos amours, nos amitiés, nos affections humaines, ces perles fines, est-ce qu’elles perdent du même coup toute valeur ? Doivent-elles être abandonnées, mises au rebut ? Au contraire, c’est alors qu’elles trouvent leur vraie valeur, car elles sont désormais comme fixées, indexées sur la perle qui a valeur absolue, sur Dieu qui est Amour.
Voici cependant qu’une dernière séquence semble tout gâcher, tout assombrir. Elle commence par une scène de pêche, un grand filet que l’on plonge dans la mer et qui ramène toutes sortes de poissons, mais elle se termine sur la vision redoutable d’une fournaise où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Je vais peut-être vous surprendre, frères et sœurs, mais cette image ne m’effraie pas ; je vois bien plutôt dans ce filet le filet de l’espérance. Car il ramasse de tout, du bon et du mauvais, jusqu’à ce qu’il soit rempli, à la fin des temps. Cela signifie que personne n’est d’emblée exclu du royaume des Cieux, qu’il n’y a pas d’un côté les justes et de l’autre les méchants, d’un côté le bien, de l’autre le mal ; les deux coexistent, y compris en nous-mêmes. Certes, un tri, un jugement, se fera entre ce qui est bon et ce qui ne vaut rien, mais ce jugement ne nous appartient pas. Ce qui nous appartient en revanche, c’est de laisser Dieu nous purifier, nous simplifier, nous rendre bons, tant que nous vivons dans le large filet de l’espérance. N’est-ce pas cela devenir « disciple du royaume des Cieux » ?