« Bernadette, une pauvreté qui nous enrichit »

Tel a été le thème de la récollection du Conseil diocésain de la Diaconie-Solidarité ce 1er avril 2023, avec l’abbé Joachim Jaurégui, délégué diocésain, le père Horacio Brito, chapelain de Lourdes, les responsables des mouvements de Solidarité et leurs membres.

Éclairer cette phrase impossible à dire dans la rue aujourd’hui : « Une pauvreté qui nous enrichit » (Père Horacio Brito)

Tout devient possible quand on met notre journée dans les mains du Seigneur et que l’on essaie de suivre le pape François : « En 10 ans de pontificat, il a démontré que sa priorité, le plus fort de sa pensée, de son action est la présence de l’Eglise au milieu des pauvres, des plus fragiles, des exclus et, dans chaque voyage, il a porté son regard sur eux … » (Abbé Jaurégui)

Que de jeunes, de paroissiens portent ce même souci en ouvrant leur regard et leur cœur sur ceux qui font partie de la « périphérie », tout en se mettant à leur écoute : accueil et accompagnement de migrants, paniers solidaires à l’entrée des églises, collecte pour la Banque alimentaire, collecte pour ceux qui ont perdu leur emploi, visites aux personnes âgées, communion à domicile, repas de Noël, accueil de personnes de la rue ou en précarité dans des locaux paroissiaux, accueil de pèlerins, entraide pour l’Ukraine, etc… Et les associations ou mouvements font de même à une plus grande échelle comme : « 100 pour un toit » pour loger des familles dans le besoin, « l’Estanguet » pour l’hébergement des sans-abris la nuit en hiver, « Solidarité Mamans-Papas solos » pour l’aide et l’écoute des parents qui élèvent seuls leurs enfants, « Place et Parole des ‘’Pauvres’’ » qui part de leur parole pour construire avec eux des projets, et bien d’autres associations plus connues qui font aussi un travail admirable …

Parmi tous les récits entendus, déjà un début de réponse chez les bénévoles : « Il y a des liens d’amour et d’amitié qui se créent car ceux qui sont accueillis ont des trésors dans leur cœur », « rendre service est une grâce que le Seigneur a mise en nous, mais donner ne suffit pas, il faut oser entrer en relation », « Les personnes rencontrées témoignent de la joie, de la beauté de leur humanité »

Pernelle, du groupe « Partage Espérance » le confirme : « pouvoir sortir de sa solitude et partager l’amitié, sa foi et l’Eucharistie… Je suis heureuse d’être dans le groupe ! », ce qui a amené le groupe à animer le chapelet télévisé et une partie des deux dernières Journées Mondiales des Pauvres à Lourdes.

Quant à Emmanuel d’un groupe Aygues Vives à Lourdes, quel changement aussi ! « J’étais très mal au début en 2009, mais avec le travail du matin, les activités et le partage de nos différences entre résidents, j’ai pu me reconstruire. Ça me permet de me découvrir, y compris par le regard des autres, de découvrir la richesse de chacun d’entre nous, et aussi d’apprendre à s’accepter tel que l’on est. Les activités nous aident aussi à découvrir nos talents, maintenant j’aime lire … Et j’ai beaucoup de joie de pouvoir sortir et faire de longues marches en montagne, ensemble ! »

« Une pauvreté qui nous enrichit », oui combien ces rencontres avec ceux que l’on dit ‘’pauvres’’ sont enrichissantes pour chacun, même si, du côté des aidants, on reçoit plus qu’on ne donne !… Tous ces témoignages nous ramènent à la petite Bernadette qui, à la fin de sa vie, a écrit : « Prière d’une pauvre mendiante à Jésus ».

Dans sa relation avec Marie, relation qui était un tout pour elle, la pauvreté était très liée à ces paroles qu’elle a accueillies dans la grotte de Massabielle et qu’elle vivra comme une mission : ‘’Priez Dieu pour les pécheurs’, et toute sa vie, elle les priera, y compris pour elle-même, car ce n’est pas Dieu qui a voulu le mal, la pauvreté, nous sommes en tous responsables, comme du bien que l’on fait, à l’exemple de ce témoignage :

Invité dans une famille d’un bidonville argentin, au moment du benedicite avant le repas, un enfant dit : ’’Dans le bidonville d’à côté, ils ne prient pas car ils n’ont pas de quoi manger’’ et, comme je leur demandais ce qu’ils faisaient car il n’y avait qu’une messe par mois, ils m’ont répondu : ‘’Chaque samedi, on prie le chapelet devant l’image de la Vierge de Lourdes que vous nous avez donnée, on est 70 à 80 familles et on a fait une liste : une famille par jour pour porter un repas à cette famille qui n’avait pas de quoi manger, mais on le fait porter par les enfants pour ne pas les humilier …’’

La grâce de Lourdes est partout, la grotte est un haut lieu d’humanité et la vie chrétienne commence par l’humanité. Mais où voyons-nous l’humanité dans cette grotte ? Certains touchent le rocher, mais ce qui est important, c’est ce que chacun porte dans son cœur. J’ai posé la question à une dame, elle m’a répondu : ‘’Je fais le trottoir et je n’ai pas de quoi élever mes quatre enfants mais, quand je touche le rocher j’ai le sentiment de toucher quelque chose de solide qui est en moi et ne passera jamais, ma dignité !’’

Alors quelle est la pauvreté qui nous enrichit tous ? C’est l’humilité qui nous invite à la conversion.

Pour Bernadette, ce fut :
lutter contre ses mauvais penchants, fruits du péché
demander pardon, fruit de la prière
et se dépouiller, se laisser porter par ‘’Jésus seul’’

Donc pour nous quel programme ?
Conservons jalousement notre condition de serviteur.
Donnons à nos vies une dimension pascale, donner notre vie pour les autres
semons, labourons, mais la récolte appartient à Dieu …

Père Horacio Brito, ancien recteur du sanctuaire de Lourdes

L’Eucharistie en l’église Sainte Bernadette, a permis de rendre grâce de toutes les ‘’richesses’’ reçues en écoutant chacun …